Thursday, June 02, 2005

INTRODUCTION GENERALE

Il faut convaincre les Alsaciens d’appartenir au grand Reich germanique et nazi. Il ne s’agit pas moins d’obliger les gens à « penser allemand » et à les faire adhérer à une nouvelle vision du monde : Neuordnung. L’Alsace-Lorraine correspond à une terre nouvelle, d’expérience pour l’édification rapide et complète d’une société fasciste. La propagande est l’arme principale pour y parvenir. Ses objectifs sont de « déconstruire » pour ensuite « reconstruire »[1] un monde nouveau que décrivent les mots diffusés au quotidien par la presse. Un prêt-à-parler que l’individu moyen à force d’utiliser est prêt à penser.
Le type de discours nazi présent en Alsace a pour origine la « Langue du Troisième Reich »[2] présente en Allemagne et transmise par les envahisseurs. Il se trouve donc être composé de mots nazis allemands appartenant à la « langue de référence ». S’y ajoutent des mots plus typiques au cas étudié. L’ensemble se comporte de façon particulière dans le cas alsacien et ceci pour plusieurs raisons. Pour commencer, le contexte propre à l’Alsace lui reste spécifique sur plusieurs plans : la géographie, l’histoire, le système politique et la presse mise en place[3]... Evidemment, la nature du discours s’en ressentira. Ensuite, l’Alsace a été annexée quelques années après que la propagande ait déjà commencé à agir de l’autre côté du Rhin. Pour qu’une homogénéisation : Gleichschaltung s’opère le plus vite possible, le déploiement de la propagande alsacienne a dû être accéléré dans des buts de « regermanisation » et de « nazification »[4]. Le vocabulaire nazi s’est donc probablement distingué dans cet endroit en terme de fréquence[5]. Nous aurons donc l’occasion de faire l’inventaire de quelques formes lexicales originales sur fond de capacités évolutive et fréquentielle propres à toute langue qui veut manipuler l’opinion publique. L’appel à la communauté germano-alsacienne est un des thèmes les plus pertinents de la propagande en Alsace. En effet, les Allemands espèrent pouvoir exploiter la force de travail et de combat de la population helvétique et pour ce faire, la mise en relief de la notion de « communauté » leur paraît judicieuse. Cette technique a pour but d’inciter les Alsaciens ou même de les forcer à coopérer et à adhérer au nazisme. Nous étudierons donc des lexèmes appartenant aux deux groupes de formes concernant la « Communauté » en général et le « Travail » dans le cadre de cette étude.
[1] Henri Amouroux, La France contemporaine, p. 605
[2] Victor Klemperer, Langue du Troisième Reich
[3] Rigoulot Pierre, l’Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945, p. 35 et Saisons d’Alsace, 1943 La Guerre Totale, p. 111.
[4] Saisons d’Alsace, 1942 l’Incorporation de force, p. 19 et Bernard Vogler, Histoire culturelle de l’Alsace, p. 424 et Rigoulot Pierre, l’Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945, p. 32.
[5] (d’une unité textuelle) le nombre de ses occurrences dans le corpus.

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