Thursday, June 02, 2005

Conclusion

Après avoir défini le milieu dans lequel le discours a pris son essor à savoir le contexte général de l’époque et le monde du journalisme soumis aux lois de la propagande nazie allemande, nous avons analysé deux groupes de formes. Etant donné la multitude des facteurs d’influence, l’auteur a décidé d’observer l’évolution du groupe « Communauté » en fonction des techniques de propagande nazie à savoir « se légitimer » et « contraindre » la population a adhérer aux enjeux de la politique allemande en la rassurant et en la forçant. Nous avons réussi par la même occasion à mettre en évidence une autre caractéristique du discours à savoir un système d’interpellation des sèmes. Pour commencer, nous avons défini les formes du groupe « Communauté » (Gemeinschaft) qui s’avèrent être au sein de notre corpus : « Organisation », « Versammlung », « Volk », « Korporation » et des lexèmes ayant pour suffixe « -schaft ». En jouant à rapprocher des sèmes soit en utilisant un lexème contenant en son sein une large amplitude sémantique, soit en associant des lexèmes précis les uns des autres, soit encore par l’adjonction d’affixes, le discours parvient aux moments qu’il juge opportuns à rassurer, à motiver et à convaincre par la force ou la menace le lectorat. Ainsi les préfixes Haus-, Dorf-, Ort- et –Kreis ou les lexèmes « Gemeinschaft », « Versammlung » et « Organisation » sont censés « rassurer » et donner un ton paternaliste au discours au début de l’annexion. Pour motiver la population, on choisit des lexèmes en fonction de la capacité de leurs sèmes à susciter l’envie, ou une impression de nouveauté ou un sentiment de supériorité grâce à la superlativisation de « Volk » qui a lui-même une valeur positive. Nous avons également trouvé un « pseudo-archilexème » qui a l’avantage de regrouper en son sein divers sèmes significatifs en même temps ; « rassembler », « bien », « chaleureux » etc… Pour obtenir une opinion ou un sentiment déterminés à l’avance, il suffit à la propagande de faire un choix de mots spécifiques grâce auxquels les divers intérêts de la propagande sont tous sollicités comme dans le cas précédent.
Le second groupe étudié est le « Travail » en fonction du contexte culturel, historique et politique. Il nous a permis de déterminer la présence des chaînes lexicales spécifiques au discours nazi alsacien. Au départ, il est donné au travail un sens civil et l’on trouve des lexèmes dans le genre d’Arbeitsdienst. L’Alsace n’étant qu’une « annexe » du Reich, l’Occupant se contente au début de recruter des volontaires. C’est ainsi que le référent « Travail » prend en plus le sens « volontariat ». Mais bientôt d ‘autres sens viennent s’ajouter et remplacer les précédents. Ce phénomène est imputable aux faibles résultats des campagnes de recrutement de volontaires, à la situation militaire qui se dégrade et à la volonté du Gauleiter qui souhaite instituer le Service Militaire Obligatoire en Alsace. A chaque étape, les différents protagonistes se confrontent et donnent ainsi au référent différentes nuances sémantiques qui n’aboutissent pas forcément à la formation de lexèmes dans le discours de presse nazi alsacien. La situation alsacienne particulière rend difficilement praticable le travail de la population. Des problèmes tels que la « Nationalité » allemande non acquise ne permettant pas une incorporation de masse, puis le substitut trouvé « Wehrwürdigkeit » à la « Nationalité » problématique qui pose quant à lui le problème de l’ « Epuration » non effectuée de la population alsacienne qui empêche également une incorporation sont autant de nouveaux référents dont il faut tenir compte. Ces derniers sont liés indirectement au référent initial « Travail » mais ils sont importants car c’est en leur donnant une valeur positive c’est-à-dire c’est en trouvant des solutions au problèmes qu’ils évoquent que la population alsacienne sera à même de travailler dans le secteur civil ou militaire tout comme les Allemands.
Une étude approfondie du sujet devrait se faire avec un corpus bien plus conséquent contenant en plus d’autres types de journaux pour pouvoir procéder à des comparaisons. Nous pourrions ainsi définir au mieux les spécificités du discours nazi alsacien dans les SNN, trouver davantage de lexèmes ou d’occurrences pour nos deux groupes « Communauté » et « Travail » et faire une étude plus approfondie des autres groupes évoqués et en rapport indirect avec les précédents. En répertoriant les lexèmes du référent « Travail », nous nous sommes aperçus qu'ils étaient peu nombreux car ils ont été difficiles à apparaître dans la presse. Nous avons alors décidé d'employer une autre méthode linguistique qui consiste à présenter les mécanismes de formation du discours pour en montrer l'évolution typique au cas alsacien. De ce fait, les explications historiques du contexte sont très nombreuses et les lexèmes trouvés pas assez. Un corpus bien plus vaste et diversifié nous permettrait de présenter beaucoup plus d'occurrences et de mettre en avant les variations de fréquences d'une année sur l'autre et plus ou moins particulières en Alsace.

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